dimanche 14 octobre 2018

méthode du commentaire (1)

Voici un texte à commenter (sujet de bac) :

Texte B : Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes, chapitre XIV, 1913.

[Enfant, Meaulnes avait rêvé d'une jeune fille inconnue dont il ne voyait pas le visage. Devenu adolescent, il découvre après une longue errance à travers roseaux et forêts, un château mystérieux animé par une fête tout entière dédiée aux enfants.]

Il entra dans une pièce silencieuse qui était une salle à manger éclairée par une lampe à suspension. Là aussi c’était fête, mais fête pour les petits enfants.
Les uns, assis sur des poufs, feuilletaient des albums ouverts sur leurs genoux ; d’autres étaient accroupis par terre devant une chaise et, gravement, ils faisaient sur le siège un étalage d’images ; d’autres, auprès du feu, ne disaient rien, ne faisaient rien, mais ils écoutaient au loin, dans l’immense demeure, la rumeur de la fête.
Une porte de cette salle à manger était grande ouverte. On entendait dans la pièce attenante jouer du piano. Meaulnes avança curieusement la tête. C’était une sorte de petit salon-parloir ; une femme ou une jeune fille, un grand manteau marron jeté sur ses épaules, tournait le dos, jouant très doucement des airs de rondes ou de chansonnettes. Sur le divan, tout à côté, six ou sept petits garçons et petites filles rangés comme sur une image, sages comme le sont les enfants lorsqu’il se fait tard, écoutaient. De temps en temps seulement, l’un d’eux, arc-bouté sur les poignets, se soulevait, glissait à terre et passait dans la salle à manger : un de ceux qui avaient fini de regarder les images venait prendre sa place.
Après cette fête où tout était charmant, mais fiévreux et fou, où lui-même avait si follement poursuivi le grand pierrot1, Meaulnes se trouvait là plongé dans le bonheur le plus calme du monde.
Sans bruit, tandis que la jeune fille continuait à jouer, il retourna s’asseoir dans la salle à manger, et, ouvrant un des gros livres rouges épars sur la table, il commença distraitement à lire.
Presque aussitôt un des petits qui étaient par terre s’approcha, se pendit à son bras et grimpa sur son genou pour regarder en même temps que lui ; un autre en fit autant de l’autre côté. Alors ce fut un rêve comme son rêve de jadis. Il put imaginer longuement qu’il était dans sa propre maison, marié, un beau soir, et que cet être charmant et inconnu qui jouait du piano, près de lui, c’était sa femme…

1. Lors de la fête, un personnage déguisé en Pierrot, joue à effrayer les enfants.

Commentaire
Vous commenterez le texte B tiré du roman d'Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes :


1. Vous ne devez pas vous contenter de répéter le texte.
2. Vous devez trouver ce que l'auteur a voulu faire sentir ou penser, quelle émotion ou quelle idée il a voulu nous communiquer. Et quels moyens (procédés) il a utilisés pour le faire. 
3. Vous trouvez deux mots clés (ou deux thèmes) qui représentent bien le texte selon vous. Exemple : musique. (Le mot clé peut être un sentiment, une chose, une situation, un personnage, une tonalité, une action, etc.)
4. Vous trouvez tous les passages du texte où le thème apparaît.
5. Vous trouvez ce que le texte veut faire comprendre ou ressentir à propos de ce mot (ou thème). Comment le thème est-il traité ? Exemple : de quelle musique s'agit-il ? Quel effet produit-elle ?
6. Vous cherchez les procédés qui sont en rapport avec ce mot (ou thème). Exemple : le point de vue subjectif de Meaulnes. 

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