Voici
un texte à commenter (sujet de bac) :
Texte B : Alain-Fournier, Le Grand
Meaulnes, chapitre XIV, 1913.
[Enfant, Meaulnes avait rêvé d'une jeune
fille inconnue dont il ne voyait pas le visage. Devenu adolescent, il découvre après
une longue errance à travers roseaux et forêts, un château mystérieux animé par
une fête tout entière dédiée aux enfants.]
Il entra dans une pièce silencieuse qui
était une salle à manger éclairée par une lampe à suspension. Là aussi c’était
fête, mais fête pour les petits enfants.
Les uns, assis sur des poufs,
feuilletaient des albums ouverts sur leurs genoux ; d’autres étaient accroupis
par terre devant une chaise et, gravement, ils faisaient sur le siège un
étalage d’images ; d’autres, auprès du feu, ne disaient rien, ne faisaient
rien, mais ils écoutaient au loin, dans l’immense demeure, la rumeur de la
fête.
Une porte de cette salle à manger était
grande ouverte. On entendait dans la pièce attenante jouer du piano. Meaulnes
avança curieusement la tête. C’était une sorte de petit salon-parloir ; une
femme ou une jeune fille, un grand manteau marron jeté sur ses épaules,
tournait le dos, jouant très doucement des airs de rondes ou de chansonnettes.
Sur le divan, tout à côté, six ou sept petits garçons et petites filles rangés
comme sur une image, sages comme le sont les enfants lorsqu’il se fait tard,
écoutaient. De temps en temps seulement, l’un d’eux, arc-bouté sur les
poignets, se soulevait, glissait à terre et passait dans la salle à manger :
un de ceux qui avaient fini de regarder les images venait prendre sa place.
Après cette fête où tout était charmant,
mais fiévreux et fou, où lui-même avait si follement poursuivi le grand pierrot1,
Meaulnes se trouvait là plongé dans le bonheur le plus calme du monde.
Sans bruit, tandis que la jeune fille
continuait à jouer, il retourna s’asseoir dans la salle à manger, et, ouvrant
un des gros livres rouges épars sur la table, il commença distraitement à
lire.
Presque aussitôt un des petits qui étaient
par terre s’approcha, se pendit à son bras et grimpa sur son genou pour
regarder en même temps que lui ; un autre en fit autant de l’autre côté. Alors
ce fut un rêve comme son rêve de jadis. Il put imaginer longuement qu’il était
dans sa propre maison, marié, un beau soir, et que cet être charmant et inconnu
qui jouait du piano, près de lui, c’était sa femme…
1. Lors de la fête, un personnage déguisé
en Pierrot, joue à effrayer les enfants.
Commentaire
Vous commenterez le texte B tiré du roman d'Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes :
Vous commenterez le texte B tiré du roman d'Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes :
1.
Vous ne devez pas vous contenter de répéter le texte.
2.
Vous devez trouver ce que l'auteur a voulu faire sentir ou penser, quelle
émotion ou quelle idée il a voulu nous communiquer. Et quels moyens (procédés)
il a utilisés pour le faire.
3.
Vous trouvez deux mots clés (ou deux thèmes) qui représentent bien le texte
selon vous. Exemple : musique. (Le mot clé peut être un sentiment, une chose,
une situation, un personnage, une tonalité, une action, etc.)
4.
Vous trouvez tous les passages du texte où le thème apparaît.
5.
Vous trouvez ce que le texte veut faire comprendre ou ressentir à propos de ce
mot (ou thème). Comment le thème est-il traité ? Exemple : de quelle musique
s'agit-il ? Quel effet produit-elle ?
6.
Vous cherchez les procédés qui sont en rapport avec ce mot (ou thème). Exemple
: le point de vue subjectif de Meaulnes.
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