lundi 18 février 2019

Commentaire du texte de Le Clézio (premier axe)


Première partie du développement d’un commentaire du texte tiré de Désert de Le Clézio :


Comment la description de la vieille ville et de ses caractéristiques se met-elle en place dans ce passage ? Trois procédés nous semblent impliqués dans cette mise en place : la scène, le point de vue subjectif et la gradation négative. Tout d’abord, on remarque que ce passage n’est pas une pure description de la ville. Les éléments descriptifs sont introduits peu à peu au fil d’une scène. En effet, le narrateur nous raconte, au présent, une action unique et continue, la traversée d’une partie de la ville par Lalla. Les nombreux verbes d’action dont le sujet est Lalla (« continue à marcher », « Lalla avance », « elle tourne », « elle s’en va vite ») nous l’indiquent. Les premiers éléments descriptifs apparaissent à partir de la troisième phrase. Une première partie de la description se met ainsi en place dans les phrases suivantes jusqu’au monologue intérieur « Où aller ? ». Puis d’autres éléments apparaissent après des verbes d’action et des expressions qui désignent les sentiments. Dans cette suite de la description, on remarque une toponymie (« rue des Pistoles », « traverse de la Charité ») qui situe avec une précision réaliste la progression de l’héroïne. Les notations descriptives sont donc dispersées dans cette scène. D’autre part, on constate que le narrateur ne décrit que ce voit Lalla. Le récit adopte donc un point de vue subjectif. En effet, ce qui apparaît ce sont d’abord les « fenêtres au ras du sol » puis « les volets (…) tirés » et les « recoins pourris au bas des murs ». On suit donc le regard de Lalla qui se déplace le long des rues qu’elle parcourt. Plus loin dans le texte et dans la ville, le narrateur mentionne « l’étrange dôme rose » que Lalla aperçoit « à travers le portail de pierre grise ». La description progresse donc dans l’espace avec le regard de l’héroïne. Il s’agit d’une description en mouvement. Enfin, on note que les éléments descriptifs prennent au fur et à mesure une connotation négative qui va crescendo. Les premiers éléments descriptifs sont plutôt neutres : « il n’y a personne dans les rues à cette heure-là ». Puis on rencontre des figures de style qui noircissent le tableau. On pourrait parler d’une gradation négative de la description. Cela est dû, là aussi, au point de vue subjectif. Les sentiments de Lalla font apparaître deux champs lexicaux, celui de la mort et celui de la prison. On remarque en effet une métaphore, « haleine de mort », qui désigne le souffle froid des soupiraux. On trouve également le mot « tombeau » dans une comparaison à propos du « dôme rose ». Par ailleurs, la description insiste sur l’aspect des fenêtres qui sont « fermées par des grillages », « noires », « garnies de barreaux ». Le mot « barreau » est même répété deux fois et l’on trouve cinq occurrences du mot « fenêtres ». Cette insistance permet de donner à la ville un aspect de plus en plus sombre, à la fois funèbre et carcéral. En somme, nous avons ici affaire à une description en mouvement faite d’un point de vue subjectif selon une gradation négative qui rend la ville de plus en plus inquiétante.

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